"Breton rencontre Nadja devant une église, comme par hasard !"
Il ne me faut pas une seconde de plus pour me désintéresser totalement du discours de ce professeur d'université.
"Breton rencontre Nadja devant une église, comme par hasard !"
Il ne me faut pas une seconde de plus pour me désintéresser totalement du discours de ce professeur d'université.
(N'empêche, ceux qui railleraient ce souci d'optimisation seraient par moi soupçonnés de prendre la littérature pour un jeu où l'on ne triche pas.)
Je sais bien qu'il y a dans ce souci d'optimiser la littérature un relent capitaliste, cependant j'ai une veine capitaliste (l'individu sert le collectif en se servant) et j'ai décidé de ne plus contrarier mes vices, mais de foncer dedans et de leur bourrer le lard jusqu'au dégorgement.
Mais il y a un côté un peu gamin de la part de l'ancien monde à vouloir jeter l'anathème sur ceux qui tentent de faire corps avec l'époque, la moquerie de ceux qui savent, qui tient de la jalousie et du vertige (comme ce regret dont s'amusera Chevillard de ne pas avoir vécu au temps de Meetic, où son expression aurait fait des ravages). Il y a là un champ ouvert il y a cent ans, mais que personne n'a encore eu les reins de prendre à bras-le-corps, c'est-à-dire de concevoir le roman comme - quasiment - une oeuvre totale, un tournage de film, un tableau, une musique, tout cela à la fois.
(Dire que toute cette péroraison est au service du plaisir de lecture...)
Moi qui m'étais promis de tout requestionner, je m'étais laissé prendre à l'argument de ceux pour qui la photographie dans le roman est une atteinte à l'imagination du lecteur. Je n'avais pu leur répondre que ceci, une réponse incomplète : l'écrivain peut souhaiter imposer sa vision ; comment expliquer autrement que nos aînés antérieurs à la photographie se soient acharnés - car c'est bien cela - à nous décrire une image qu'ils avaient, pour les plus honnêtes, entièrement en tête ? La photographie est un nouveau tremplin pour l'imagination, car celle-ci est à ce point exponentielle qu'elle s'enrichit de toutes les nouvelles informations qu'on lui donne, plutôt que de s'en appauvrir (de même lorsque je fais des recherches pour un roman, non par souci d'exactitude, mais pour fournir de nouveaux supports à l'imagination).
Toute tentative de définition de la littérature se heurte à ceci : comment y faire cohabiter Mallarmé et Dostoïevski ?
D'aucuns essaient encore.
Je m'efforce d'avoir le regard le plus nu possible sur le beau et le laid.
Mais ce regard absolu n'est-il pas dénué de tout sens esthétique ?
Il faudrait instaurer les pleurs enregistrés.
Diffuser sur un écran plasma l'oeuvre d'un vidéaste qui l'avait tournée à l'époque du tube cathodique, est-ce le trahir ?
Ah, toutes ces questions insolubles qui ne m'intéressent pas !
- Mais pourquoi sept Harley Davidson ?
- Parce que c'est plus sympa que la voiture.